"Travailler moins pour skier plus" (T.M.S.P.)

En pleine campagne électorale, je me suis plongé dans les programmes des candidats. Par hasard je suis tombé sur «Travailler Moins pour Skier Plus » (T.M.S.K.) qui était la proposition n° 3 d’un parti appelé Gestion Alternative d’un Gouvernement (GAG). Celui-ci n’a pas pu présenter de candidat, n’ayant pas obtenu ses 500 signatures. Faut croire que les maires de nos villes ne font pas assez de ski …

Donc pour le seul jour de la semaine où il faisait soleil après les fortes chutes de neige, J Luc , Alain et « Machin » se sont retrouvés au Mt Dore pour faire du ski de couloir en prenant la benne ( là j’ai fait une grosse entorse à mes convictions et ma philosophie du ski).

Ah ! oui ! je ne peux citer le prénom du 3ème compère qui s’est désisté, avec un motif bidon , d’une obligation auprès de grand maman. Grand maman qu’il devait accompagner faire des courses ce jour là. Je l’appellerai par exemple (prenons un quelconque mot au hasard) « Benzaï » pour garder l’anonymat, car grand maman surf sur internet, et peut être sur le forum du GAG… on ne sait jamais.
La neige était très bonne… non ! c’est pas tout à fait le mot … elle était sublime. Tantôt poudreuse, tantôt un granulat croustillant recouvrait un fond dur, comme ce dont les grands-mères saupoudrent les gâteaux, et qui fait qu’on avalent les pentes avec le même plaisir que celui de croquer une tranche de tarte délicieuse (ça sonne bien, c’est bon ça , on dirait du Hector Vigo ) …..
Donc en haut du couloir « Vigier » perché sur les skis, mes yeux évaluent la qualité et la raideur de la pente s’ouvrant à mes pieds. Des « touristes piétons » arrivés avec la benne interpellent Benzaï « c’est raide, vous aller descendre là… » questionnent ils . « Ouai ! sans problème… » répond mon compère qui, debout sur ses skis, attendant le top du départ, joue au rocking chair, la moitié avant de ses skis dépassant au dessus du vide. Je ne sais pas s’il leurs raconte moult détails sur le matériel dont il est équipé (carres céramique, crochets se fermant sur l’intérieure de la chaussure….) mais les voilà qui rappliquent, caméra et appareil photos déjà en route.
« Merde » pensais je tu ne va pas rameuter tous ces touristes bretons pour qu’ils filment nos exploits genre « casse toi la gueule » afin de les ramener à Loudéac ou Ploumanac’h et les projeter à leurs amis éleveurs de porcs ou de volailles. « Ils font chi … » j’en ai déjà le regard vitreux et j’ai les fesses qui font « bravo ».
J’ai rien contre les bretons, j’ai même des amis parmi cette ethnie pacifique, paisibles pèlerins venus chaque année en Auvergne pour y faire provision de fromage St Nectaire… et voilà Benzaï qui se jette tout droit dans la pente, enchaine 3 virages courts et secs puis se range 20 m en contre bas sur le bord du couloir. J’amorce enfin un dérapage prudent, puis un virage, deux et même trois, coupant au passage la tête d’un « choux fleur » de neige, décapitant net une « taupinière blanche »… eh ! mais c’est qu’ils vont bien ces skis là … me dis je tout haut. La pente s’ouvre devant moi, large et poudreuse, un régal d’enchainement des virages, rattrapé par le rire tonitruant de Benzaï criant « Yes ! week end ou bien We can ! » je ne suis pas très bon en anglais. Rattrapé, dépassé, il se range plus bas sur le coté, puis je repasse devant lui, descend encore et m’arrête sur le bord du couloir. Prudence aux avalanches, descente sécurisée, méthode « boules de billard », accord nickel entre les 2 skieurs.
Petite pause dans le bas du couloir du « Pas de l’Ane » : tête tournée vers le haut, on observe la pente sommitale. « … si c’est poudreux comme ici, on va pouvoir se la manger depuis le haut… » proposition faite à mon compère qui réplique « ça brille beaucoup pour être de la peuf… faut aller voir depuis le haut… »
Une benne plus tard et un talus de neige remonté en escaliers skis aux pieds… on se retrouve au col en haut de la pente. Poussant dans notre dos, le très fort vent de SW nous oblige maintenant au « sens unique »on ne peut plus reculer. « … on va où tu veux ! lance Benzaï…. à gauche ? à droite ? comme tu le sens » . A droite c’est un bombé qui cache tous les mystères d’une pente raide qu’il faudra négocier fraction de seconde par fraction de seconde, avec réponse des jambes en temps réel… « non ! déconne pas on part à gauche ! »
Je mets le disjoncteur du cerveau sur « off ». Dans ma tête j’ai l’impression qu’un grand silence s’installe malgré le sifflement du vent et le crissement des skis de Benzaï qui déjà avale le « gâteau » en virages courts et nerveux. Quelques secondes plus tard, en contrebas je me retourne pour contempler la trace de mes virages : elle est presque invisible sur cette neige dure. « Yes ! l can ! Benzaï ». Miracle, je parle anglais.

Quelle journée ! Soleil généreux, neige abondante, une série de couloirs enchainés plusieurs fois et cette jeunesse pleine d’énergie qui en remontre pas mal aux anciens ayant appris à skier en commençant par la technique désuète du « chasse la neige ».
C’est pas tout ça , mais que va dire grand maman si elle tombe sur le forum du GAG. Peut être va-t-elle reconnaitre son fiston malgré les précautions de prises des photos. Déjà Benzaï avait chaussé un casque et des lunettes de soleil pour passer incognito et il tournait le dos pour chaque cliché très rapproché mais sait on jamais…. Et alors bonjour pour la crédibilité du motif bidon de la voiture tombée, soi disant en panne, juste avant d’aller au super marché avec grand maman, au moment même où il rencontre Alain qui lui fait une proposition malhonnête d’aller tâter la neige…. Il faut préparer une lettre d’explication
Ma chère grand maman….
« mais non Alain ! c’est toi qui doit t’excuser auprès de cette dame… »
« ah oui ! t’as raison je me mélange les pinceaux dans cette magouille… »

Madame
« non ! c’est pas assez chaleureux, il faut plus fort… »

Très chère Madame

La voiture que vous prêtez si gentiment et si régulièrement à votre petit fils marche très bien. Rassurez vous il n’y a pas l’embrayage à refaire comme il vous l’a dit, ni des pneus lisses à changer et les cardans à réparer. J’ai pu le vérifier en l’accompagnant sur le trajet Clermont Fd le Mt Dore où votre fiston à mis en œuvre tous ses talents de pilote, faisant hurler le turbo dans les cotes, déraper les pneus dans les virages enneigés, montant et descendant sans cesse les vitesses de la boite …. Je ne peux pas vous parler des freins, il ne s’en sert jamais.
Très chère madame, votre fiston est un très gentil garçon toujours prêt à rendre service à ses amis, notamment à l’un d’entre eux (moi) qui avait peur d’aller faire du ski tout seul au Mt Dore. ( les enfants aussi ont peur d’aller à l’école il faut les accompagner)
Son ami (moi) est un grand trouillard qui craignait de se prendre un râteau en descendant les couloirs du Mt Dore, et c’est pour cela que votre fiston a veillé sur lui toute la journée. Ce type de « râteau » Madame n’a rien à voir avec l’outil que vous rangez soigneusement dans la cabane au fond de votre jardin. Un « râteau », c’est quand, déséquilibré sur le dos, on glisse à pleine vitesse sur une pente de neige raide, et que la main n’arrive plus à atteindre la poignée des freins…. Concernant les « couloirs », demandez à votre fiston il vous expliquera.
Je vous envie Madame Grande Maman d’avoir un fiston aussi bon skieur. Ah ! j’oubliais : au sujet de la liste de course que m’a présenté votre fiston. On s’est servi dans ma réserve personnelle : il vous ramènera des spaghettis 3 minutes, l’huile d’olive, la lessive « Le Ch… » la lessive « le Miaou » (je n’ veux pas avoir des ennuis de pub ici) … etc… et j’ai joint les baskets « Adadas » taille 37 de mon épouse pour vous dépanner.

Recevez Madame Grande Maman mes félicitations

PS : « Société PIPO et Cie » rédaction de manuscrit, courrier, mot d’excuse, lettre bidon… tarif spécial pour lycéen

ci joint les photos avec le lien ci dessous

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